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Tout ce qui n'est pas donné est perdu

16 mai 2013

Titre christologique: le Bon Pasteur

 

 

 

Sommaire

 

Introduction……………………………………………………………………………………………………………………………………..        1

L’image du Pasteur dans l’Ancien Testament...................................................................................... 1

Yahvé, Pasteur de son peuple............................................................................................................ 2

Jésus comme Bon Pasteur…………………………………………………………………………………………………………………         2

Conclusion…………………………………………………………………………………………………………………………………………..   3

Bibliographie……………………………………………………………………………………………………………………………………….   4

 

 


Une question fondamentale habitait tous les esprits des contemporains, lointains ou proches, de Jésus. Qui est ce Jésus ? Les disciples étaient obligés d’utiliser une méthode humaine quoi que inspirés par le Saint Esprit pour leur catéchèse. Ainsi, Jésus, Celui qui a marché sur les routes de la Galilée, il y a plus de 2000 ans, a beaucoup de titres dans les textes bibliques que nous nous proposons, dans le cadre de notre devoir de christologie, d’en étudier un : BON PASTEUR ou BERGER. Nous retrouvons ce titre particulièrement dans l’Evangile de Jean au chapitre 10, verset 1 et suivants. Dans notre travail, nous nous passerons quelquefois de la distinction entre BERGER et PASTEUR parce qu’indistinctement l’un sera utilisé pour l’autre car nous leur donnons ici le même sens.

  1. L’image du Pasteur dans l’Ancien Testament

Dans l’Ancien Testament, ce sont les autorités du peuple d’Israël qui sont désignés par Yahvé lui-même comme des bergers de son peuples (Jr 2.8 ; 3.15). C’est dire que les autorités avait cette mission de rassembler et de conduire le peuple selon les préceptes du Seigneur. Cette image s’inspire bien de la réalité que vivaient les peuples de l’Orient : « Dans l’Orient ancien, dans les inscriptions royales sumériennes tout comme dans les milieux assyro-babyloniens, le roi se définit comme le pasteur intronisé par Dieu. « Paître » est une image qui représente la charge de gouverner[1] ». Mais puisque ces rois seront incapables de conduire le peuple selon les voies de Yahvé, il va lui-même leur retirer cette charge pour en faire sienne.

  1. Yahvé, pasteur de son peuple

Chez les prophètes, Dieu promet de se faire le Pasteur de son peuple (Jr 23 ; Éz 34-37). Cette décision de Yahvé s’explique par l’incapacité des rois à conduire son peuple suivant sa volonté. A partir du moment où Il décide lui-même devenir le Berger de son peuple, les relations avec ce peuple changent et la piété de ce peuple devient profonde en même temps que sa confiance. Il sait qu’en tout moment, surtout dans les moments de détresse, il peut se tourner vers Yahvé pour recevoir de lui secours et force comme l’écrit RATZINGER, « cette image a profondément marqué la piété d’Israël, elle est devenue un message de consolation et de confiance, surtout dans les moments de détresse. La plus belle expression de cette piété confiante, nous la trouvons dans le Psaume 23 »[2]. L’image de Dieu comme Pasteur est bien dépeinte dans les détails chez Ezéchiel dans les chapitres 34 à 37. Pour nombres d’exégètes, cette image chez Ezéchiel est la prophétie concernant le ministère de Jésus dans les paraboles du pasteur des évangiles synoptiques et le discours johannique du Bon Pasteur.

  1. Jésus comme Bon Pasteur

La péricope qui nous permet d’aborder ce titre christologique est la parabole du bon Pasteur (Jn 10) amplement développée dans l’évangile de Saint Jean où c’est Jésus qui se désigne comme le Bon Pasteur face au mécontentement des pharisiens et scribes provoqué par le repas pris avec les pécheurs. Mais nous retrouvons, implicitement ou explicitement, dans les écrits néotestamentaires Jésus Pasteur dans les passages suivants : Mt 15.24 ; Mt 2.6 ; Mt 26.31 ; Mc 14.27 ; Lc 15.3 ; Hb 13.20 ; 1P 5.1. En effet, par la parabole du Bon pasteur, « Jésus dit à ses adversaires : n’avez-vous pas lu la parole de Dieu chez Ezéchiel ? Je ne fais que ce que Dieu a annoncé en tant que vrai pasteur : j’irai à la recherche des brebis perdues, et je reconduirai les égarés au bercail »[3].

L’intérêt christologique qui se dégage de cette parabole que raconte Jean est le suivant : le bon Berger s’oppose au brigand (V1) et à l’étranger (V5). A la différence des mercenaires, il est le vrai (bon) pasteur pour deux raisons : « d’abord il risque sa vie pour protéger ses brebis ; mais surtout il entretient avec elles un rapport de connaissance unique parce que enraciné dans sa propre connaissance du Père »[4]. Le risque de sa vie pour ses brebis atteint son paroxysme[5] dans le don libre et souverain qu’il fera de cette vie pour leur obtenir le salut sur la croix ; don qui est non seulement expression de son amour pour toutes les brebis sans exception aucune que lui a confiées son Père mais aussi expression de sa soumission à la volonté du Père avec qui il fait un. MARCHADOUR fait remarquer cela en ces termes :

Le Père apparaît comme la source et la fin de l’activité de Jésus. Tout vient de lui… la mort est présentée, dans la dynamique propre à Jean, comme un acte souverainement libre dans lequel il accomplit le commandement d’amour du Père. Même dans sa mort,[…], Jésus reste le maître parce qu’il accomplit ce que Dieu, dans son amour, a voulu pour apporter la vie aux hommes.[6]

 

Dans cette image du Bon Berger, RATZINGER voit la mise en lumière de deux autres éléments supplémentaires hormis ceux que nous avions relevés chez MARCHADOUR : le Bon Berger est celui qui donne la vie en abondance contrairement aux mercenaires. Et si pour la brebis c’est le pâturage qui fait vivre ; « Jésus, le Verbe de Dieu incarné, n’est pas seulement le pasteur, mais il est aussi la nourriture, le vrai « pâturage ». Il donne la vie en se donnant lui-même, lui qui est la vie »[7]. Le deuxième aspect qui rejoint ce que MARCHADOUR a évoqué aussi, est la vie en abondance que donne le Bon Berger. Ce don est lié à l’Incarnation et la Passion du Fils : « La croix constitue le centre du discours du pasteur, mais non pas comme un acte de violence qui s’abattrait sur lui de façon inattendue et qui lui serait infligé de l’extérieur, mais comme le libre don de soi-même »[8].  Dans ce don, RATZINGER voit même l’institution de l’Eucharistie dans laquelle, ce n’est pas une chose qui est donnée mais la personne même de Jésus qui se donne pour communiquer la plénitude de la vie aux hommes. Le troisième aspect mis en lumière est celle de la réciprocité de la connaissance entre les brebis et le Bon Berger du fait de leur appartenance à lui. Ce n’est pas une possession comme l’on possède des objets et en dispose à sa guise à la manière des mercenaires. Les brebis sont les créatures de Dieu à son image donc elles n’appartiennent pas au pasteur comme des objets. Telle est la différence fondamentale entre le Bon berger et les mercenaires : « Elles lui appartiennent, parce qu’elles sont unies par la « connaissance » et dans la communion de la vérité qu’il est lui-même. C’est pourquoi il ne les utilise pas, mais il donne sa vie pour elles »[9]. Aussi, cette connaissance entre le Pasteur et les brebis est étroitement imbriquée dans la connaissance mutuelle entre le Père et le Fils donc à l’intérieur de son identité trinitaire. Le quatrième aspect, selon RATZINGER, touche à l’unité : un seul troupeau et un seul Pasteur. Il écrit : « Il n’y a qu’un seul pasteur. Le logos qui se fit homme en Jésus est le pasteur de tous les hommes, car ils ont tous été créés par l’unique Verbe. Dans toutes leurs dispersions, ils sont un à partir de lui et en direction de lui »[10].  RATZINGER tout comme CAILLAUD montrent que l’exégèse christologique des Pères de l’Eglise au sujet de Jésus comme Bon Berger, dans les synoptiques ou Saint Jean, est ce Berger divin qui ramène l’humanité pécheresse au bercail céleste.

En somme, Jésus de Nazareth, en s’appliquant le terme de « Bon Pasteur » dans l’évangile de Jean posait ainsi une revendication messianique claire. Il proposait de réaliser en sa personne les différentes promesses vétérotestamentaires de la venue d’un Pasteur, élu de Dieu et nouveau David. Mais, il refusa d’établir sa royauté dans ce monde. Le Pasteur devait d’abord « donner sa vie pour ses brebis » et ressusciter, afin de remonter vers le Père et leur ouvrir la voie du retour vers le Paradis perdu de l’Eden et les « sources des eaux de la vie ». Ce sont ces sentiments du Bon pasteur que nous avions voulu nous en pénétrer pour l’incarner dans notre prochaine mission en tant qu’éducateur chrétien.

BIBLIOGRAPHIE

Alain MARCHADOUR, L’évangile de Jean. Commentaire pastoral, Centurion (Paris), Novalis (Canada), 1992, 263 pages.

 

Aurélien CAILLAUD, La figure du « Bon Pasteur » dans l’art funéraire de Rome et la pensée chrétienne des III-IVè siècles, Mémoire de Master, Université de Nantes, UFR d’Histoire, 2007-2008, 160 pages.

 

Joseph RATZINGER, Jésus de Nazareth. Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration, Flammarion, Paris, 2007, 425 pages.

 



[1] RATZINGER J., Jésus de Nazareth. Du baptême dans le Jourdain à la transfiguration, p. 299.

  CAILLAUD A, La figure du « Bon Pasteur » dans l’art funéraire de Rome et la pensée chrétienne des III-IVè siècles, Pp. 120-121

[2] Idem, Pp. 299-300

[3] Idem, p. 300

[4] MARCHADOUR A., L’évangile de Jean. Commentaire pastoral, p. 144

[5] Le terme grec pour désigner ce mot souvent traduit en français courant par « jusqu’au bout » est : Eis telos (eis telos)

[6] Idem, p. 145

[7] RATZINGER J., Jésus de Nazareth. Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration, p. 306

[8] Idem, Pp. 306-307

[9] Idem, p. 308

[10] Idem, p. 310

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